Ce que nous retirons de ce
voyage :
Travailleuses de la santé de Gaza. | Comités d'entraide agricole. | El Qarara village jumelé avec St Pierre d'aurillac | Les pacifistes palestiniens |
Jacques avec des enfants Gazaouis
Nous étions 6 du Comité
Palestine 33, en Palestine
fin octobre, début novembre, 3 à la protection des Palestiniens pendant
la cueillette des olives – Marie Thérèse André et Frédérique
- et 3 autres dans la bande de Gaza pour reconsidérer nos objectifs avec
nos partenaires –Fatima, Nathalie et Jacques-
Que dire ?…
Cette femme, la soixantaine
passée, qui marche dans le sable, les pieds nus, en levant les bras comme pour
implorer le ciel de porter secours à sa détresse, et s’en prenant à nous : « Mais
qu’est ce que vous faites en dehors de vos visites ? » Un tank est
à 100 mètres.
Cette autre femme, réfugiée
de 1948, dont la maison a été passée au bulldozer parce qu’elle était
construite à l’intérieur du périmètre de sécurité fixé à 300 mètres
de chaque côté de la route des colons. Elle s’est rebâtie une cabane faite
de branchages et de plastique, là où sa maison avait été démolie. Sa sœur
l’invite à venir passer une soirée chez elle et à y passer la nuit. Quand
elle revient le lendemain sa cabane avait été repassée au bulldozer. « Ils
m’écraseront sur place mais je ne bougerai pas » s’était-elle exclamé
lors de la rencontre que nous avons eue à Al Qarara avec celles et ceux dont
les maisons ont été démolies.
Ces jeunes dont les seuls
sujets qui leur viennent à l’esprit lorsqu’ils sont devant une feuille
blanche et de la couleur, sont des scènes de guerre et de sang, d’ambulances
d’avions et d’hélicoptères où le noir et le rouge dominent.
Ces oliveraies surveillées
dont les colons et l’armée empêchent l’accès mais qui sont investies par
une population accompagnée d’internationaux qui les aident à maîtriser leur
peur.
Ces gens qui, malgré le
couvre feu, bravent l’occupant en sortant quand même.
Ces maisons qui se
reconstruisent sur les gravas des précédentes.
Cette présence non
violente d’un nombre croissant de Palestiniens et d’internationaux aux
points chauds : les barrages, les postes de contrôle, les zones sous
autorité palestinienne qui sont réoccupées, les colonies illégales. Cette
force toujours renouvelée poursuit sa confrontation avec les forces aveugles de
l’occupant.
Le maire de Hébron nous a
dit que les quelque 350 colons installés dans la vieille ville sont protégés
par 2.500 militaires … et ça ne suffit pas.
« Nous sommes en
train de faire payer à l’Israël le prix –en terme économique- de son
occupation et ça va lui coûter très cher car son budget militaire ne cesse de
ponctionner ses budgets sociaux .
Plus d’ une famille israélienne sur 3 est sous le seuil de pauvreté fixé à
330 € par mois comme dans nos pays dits « développés ».
Que dire ?
A la fois la pauvreté, la
souffrance, la trouille au ventre, le sentiment de profonde frustration, la résignation
à ne pas trouver d’échos de ce que vit le Peuple palestinien
auprès de la communauté internationale, l’appréhension d’une
nouvelle guerre contre l’Iraq qui ne manquerait pas d’avoir des effets dévastateurs
sur ce qui reste de la Palestine occupée….
Et de l’autre côté la
volonté de vivre libre, le fait d’être encore « debout » après
plus de 50 ans d’oppression, la rage de reconstruire, l’élan indomptable
qui pousse à lutter contre l’injustice, le respect de soi-même qui vous soulève
lorsqu’on vous humilie.
Le Quartet Sharon-
Ai’Alon- Mofaz -Netanyahou qui certes effraie mais que l’on sait par avance
battu face à la détermination d’un Peuple se préparant à toutes les éventualités
pour vivre dans la dignité….
Tel est ce double
sentiment, dont les composantes sont intimement liées, qui nous anime à notre
retour. Puisse-t-il être le ferment qui renouvelle notre détermination à
demeurer aux côtés de nos amis Palestiniens dans leur lutte pour leur
souveraineté territoriale et leur indépendance nationale.
Depuis 12 ans, chaque année,
nous rendons visite à nos
partenaires de la bande de Gaza .
Chaque année nous
constatons une détérioration de la situation surtout depuis la signature des
accords d’Oslo en Septembre 93. Mais cette année fait apparaître qu’il
s’agit d’un changement de nature : Nous étions en gros depuis 10 ans
dans une optique de solidarité
concertée avec nos partenaires (plantations d’arbres, récupération d’eau
pluviale, centre des femmes ….) Nous sommes depuis quelques mois (avec la 2ème
intifada) dans une optique de « préparation au pire » (bantoustanisation
– occupation- déportation en Jordanie)
Dans la bande de Gaza
où nous sommes restés 7 jours,
Nous avons fait le tour de
Al Qarara, isolé au nord par la route des colons, à l’est par la frontière
avec l’Israël, à l’ouest par la colonie de Gush Qatif. Seule la limite sud
du village reste perméable et donne accès aux villages de Banis Suhaila et de
Abassan
![]() | Nous
avons rencontré nos amis du P.A.R.C.
avec lesquels nous avons vu sur le terrain des hectares de terre
cultivable réduits à des terrains vagues jonchés d’arbres déracinés
nous avons refait le point sur nos objectifs en cours au vu de leurs
nouvelles priorités. Après Aylaboun et Al Amari la collecte de l’eau
sur les toitures des établissements scolaires de Ibn Nafis et de Hamad Agha
sera assurée par Palestine 33 qui essayera de trouver d’autres comités
pour l’installation de citernes dans Beduin Village |
![]() | Nous
avons rencontré des agriculteurs de la région de Beit Hanoun syndiqués
dans la fédération des syndicats agricoles palestiniens. Avec eux nous
avons tenu une réunion où ils ont exposé leurs difficultés (
impossibilité d’exporter, manque d’eau, terres cultivables se réduisant
de jour en jour) |
![]() | Nous
avons rencontré des femmes du « Centre
de la femme rurale » de Al Qarara. Elles sont en train d’amasser des
rations alimentaires pour faire face aux urgences et aux imprévus. Déjà
250.000 familles dans les camps de réfugiés
sont nourries par l’U.N.R.W.A. |
![]() | Nous
avons rencontré les amis de « L’association pour le développement
humain » de Al Qarara qui essaye de faire face aux multiples problèmes
quotidiens auxquels se confronte une municipalité qui ne peut même plus
percevoir de taxes des
habitants tellement le chômage est grand (80 %) : prise en charge des
familles dont les maisons passent sous les bulldozers : 47 depuis 1 an
et demi. Prise en charge des enfants traumatisés par le bruit permanent des
tirs et des chenilles de tanks et de bulldozers. |
![]() | Nous
avons vu la toute nouvelle université Al Qds décentralisée sur Al Qarara
avec ses 1.800 étudiants (ils ne pouvaient plus aller à Gaza ou à Khan
Younis) et parlé avec deux étudiantes, heureuses et fières de pouvoir
poursuivre leurs études malgré tout. |
![]() | Nous
avons vu une usine à parpaings au
cœur de Al Qarara, en pleine production plur faire face aux démolitions de
l’occupant et reconstruire aussitôt |
![]() | Nous
nous sommes entretenus avec des responsables politiques du secteur Centre de
la bande de Gaza (Khan Younis
– Deir Al Balah) nous faisant part de leur stratégie unitaire face à réoccupation
probable |
![]() | Nous
avons rencontré les responsables de « l’union des femmes
travailleuses palestiniennes » à Gaza et les problèmes quasi
insurmontables qu’elles rencontrent au contact des familles |
![]() | Nous
avons rencontré Radji SOURANI et Haïdar Abdul SHAFFI qui nous ont brossé
un tableau peu reluisant des institutions de l’Autorité Nationale
palestinienne, leur distance prise à l’égard du Politique, leur
investissement dans la conscientisation de la population |
![]() | Nous
avons rencontré le Médical relief avec lequel nous sommes en lien depuis
1991, avons visité les travailleuses de la santé sur leur lieu de travail
(Jabalyia, Beit Hanoun, bedouin village) La formation continue porte en
particulier sur l’aptitude de ces femmes à transmettre au plus grand
nombre les consignes de premiers soins en cas d’urgence. |
![]() | Nous
avons passé une soirée dans un appartement loué par 5 jeunes italiens en
mission de protection sur Al Qarara jusqu’à la fin de l’année (coucher
dans les maisons susceptibles d’être détruites, accompagnement des
enfants à l’école, des équipes médicales et des ambulances bloquées
aux barrages, … |
![]() | Nous
avons participé à un atelier de travail de 08h30 à 11h30 avec la plupart
de ces partenaires pour concertation . 3 scénarios sont étudiés auxquels
des réponses appropriées sont en voie de solution. |
Face
à ces « possibles » des stratégies prennent corps. Un programme de « communities based organisation » se met en place dans
le cadre d’un « relief and emmergency plan » Eparpillement maximum des populations
par petits regroupements
– téléphones
cellulaires – réserves de produits de 1ère nécessité…
C’est
dans ce contexte qu’il nous est demandé de nous insérer si nous entendons
poursuivre la route à leurs côtés (permanences sur place)
De leur point de vue notre travail est principalement ici en France. Créer
le rapport des forces qui s’imposera aux lobbies tout puissants des médias,
des finances …. Par la mobilisation de rue, l’information à grand
tirage…. Ne pas compter sur les
politiques, mais faire en sorte que ce soit eux qui viennent à nous :
inverser là aussi le rapport de dominants dominés.
La société civile prouve ces derniers temps qu’elle pèse sur les décisions
des politiques (300.000 manifestants à Londres ….)
En Cisjordanie, où nous
sommes restés 3 jours, nous avons partagé un peu des tracasseries quotidiennes
faites aux Palestiniens. Changement de taxis avec marche dans les gravas en
zones non autorisées à la circulation, attente au poste de contrôle, vérification
d’identité…. nous avons rencontré :
![]() | A
Beit Sahour Ghassan ANDONI du
« Centre palestinien pour le rapprochement entre des Peuples »
organisation en activité depuis 88 basée sur la non violence se proposant
l’initiation du plus grand nombre à cette discipline de résistance
active. Implantée dans 40 pays elle reçoit des « internationaux »
déjà formés pour accompagner les palestiniens dans leurs activités
quotidiennes …. « Cette période de la cueillette des olives est la
plus propice à la
sensibilisation des gens à la non violence. Accompagnés dans leurs
oliveraies par des équipes de protection, ils apprennent à vaincre leurs
peurs et leurs appréhensions … » |
![]() | A
Ramallah, Claude et Youssef ABU SAMRA. Avons été sur les lieux de la
Moqa’ta entièrement détruite et déjà en cours de reconstruction. 2
ailes de bâtiments sont à nouveau en service. |
![]() | A
Hébron où le couvre feu quasi permanent et dont l’accès est particulièrement
difficile : Les passes
empruntées par les taxis collectifs changent au fur et à mesure que
l’occupant se rend compte de la faille et vient la défoncer. Le maire
nous a fait part de ses difficultés. Entre autres : « … les
camions poubelles de la ville de Hébron ont tous un laisser-passer délivré
par l’administration israélienne pour aller vider à la décharge située
en dehors des limites de la ville. Quand
les chauffeurs se présentent aux barrages ils sont refoulés par les
militaires qui n’ont d’ordres à recevoir de personne…. » |
![]() | A
Jérusalem au Centre d’informations alternatives de Michel WARSHAWSKI …
Où la souffrance est grande de constater un
écroulement de la « Gauche » et le peu de citoyens engagés
dans les mouvements reconnaissant légitimes les revendications
palestiniennes …. |
A
Gaza nous avons donc rencontré des militants politiques ( ‘Ammar, Haïdar)
qui nous ont décrit la situation ainsi :
![]() | 10 ans de tergiversations autour des tapis verts par les diplomates et les politiques ont abouti à ce jour à une situation bien pire qu’avant les accords d’Oslo en 93. Aujourd’hui 60 % de la population a moins de 2 € par jour pour vivre. Le train des nouvelles réformes imposées par les U.S.A. à L’A.N.P. n’y changera rien : Publication de la loi sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, révision du projet de constitution, les élections de Février et la réorganisation des 7 services de la police palestinienne) : nous sommes là dans le « réformisme » c’est à dire la collaboration du pouvoir palestinien avec la puissance occupante appuyée par ses alliés. |
![]() | Cette
prise de conscience étant faite, le Peuple veut « en finir avec
l’occupation ». Les colons et l’armée d’occupation doivent
quitter les terres de Palestine définies
en 67. c’est là l’unique motif de la mobilisation de masse actuelle.
La paix : on verra après |
![]() | ARAFAT
reste notre leader emblématique car il nous a donné une identité
nationale aux yeux de la communauté internationale, mais il est aussi celui
qui pactise avec l’ennemi en allant de renoncements en renoncements. |
Entre
« soumission » et « résistance » nous avons choisi de résister.
L’A.I.C. de Michel
WARSHAWSKI consacre régulièrement
des articles sur le sujet dans son périodique « News from within » .
Mustafa BARGHOUTHI, secrétaire de la coordination des 4 partis démocratiques
(PPP ; FDLP ;FPLP ; et le parti de Yasser Abed Rabbo) et Marwan
BARGHOUTHI secrétaire des « Forces nationales et islamiques » (la résistance
palestinienne) font la même analyse : L’Iraq va permettre à POUTINE de
se débarrasser des Tchétchènes et à SHARON, des Palestiniens. Cela
s’inscrit dans l’entreprise U.S. de mondialiser la planète. Tanseen A.
SADAAT, secrétaire des Syndicats agricoles du nord de la bande de Gaza le
confirme en donnant suite à la proposition faite à son syndicat de rejoindre
le « Via Campesina » (Syndicat des sans terres regroupant plus de 80
millions d’adhérents) avec le souhait de pouvoir prendre la parole à Porto Allègre
![]() | « Il
s’agit de leur faire payer le plus cher possible –au niveau économique -
le prix de leur occupation » tel est le leitmotiv entendu à plusieurs
reprises, la seule limite à ce prix à faire payer étant la capacité
d’encaisse du Peuple palestinien |
![]() | Éducation
du Peuple aux manifestations de masse maîtrisées, les enterrements, les
sorties malgré les couvre-feu, les manifestations de rue
… ; |
![]() | La
poursuite des activités des réseaux de la résistance armée prenant en
compte les décisions de la coordination des partis (arrêt des attaques
contre les civils en Israël, pas d’enrôlement dans la résistance à
moins de 16 ans, pas de confrontation à proximité des écoles et des hôpitaux….
Autant que faire se peut. |
![]() | La
vigilance à l’égard du camp de regroupement des collabos palestiniens et
de leurs familles sous protection de l’armée israélienne situé aux
frontières de l’Égypte et de l’Israël, le camp de Dahaniya gardé par
500 soldats israéliens. |
Nous la prenons de Michel
WARSHAWSKI lors de son récent passage en France :
« … Le Peuple
palestinien est seul, face à un ennemi cruel et déterminé.
Mais il refuse de courber
l’échine.
Dernière ligne de défense
du monde civilisé, les Palestiniens occupent la ligne de front de la lutte
contre la barbarie.
A ce titre, ils méritent le soutien sans réserve de toutes les citoyennes et
de tous les citoyens du monde, car les Peuples de la terre ne sont pas prêts à
vivre dans un monde où le droit que s’arroge le plus fort remplace les
principes de la justice et de la force du droit. »