Le mouvement de la solidarité internationale

             Entretien avec GHASSAN ANDONI (03/11/02)  

Son objectif principal est de mettre fin à l’occupation israélienne par tous les moyens non violents possibles.

Sa stratégie :

constituer de nombreux mouvements non violents parmi les Palestiniens à travers toute la Palestine aux frontières de 67.

Né en 1988 pendant la 1ère intifada sous le titre de « Centre palestinien pour le rapprochement entre les peuples », depuis octobre 2000 il a évolué « Mouvement international de solidarité palestinien ».

Il s’accroît rapidement : à ce jour entre 1.500 et 2.000 intervenants internationaux provenant d'une quarantaine de pays, eux-mêmes organisés en mouvement dans leurs pays respectifs. U.S.A., Canada, Grande Bretagne, Inde, Chili, Brésil, Egypte, Jordanie, Maroc, la plupart des pays d’Europe –mais pas la France- Le C.C.I.P.P.P. s’associe dans ses missions à des actions de l’I.S.M. mais il n’en est pas membre.

Ces « groupes de soutien » ont leurs activités propres : de prospection de volontaires chez eux, recrutement, formation, envoi en Palestine, suivi …

La participation aux actions de l’I.S.M. par les Palestiniens a considérablement augmenté au bénéfice de la cueillette des olives, le soutien des mouvements internationaux les ayant sécurisé et aidé à vaincre leur peur

Ses structures :

L’I.S.M. est en relation permanente avec les intervenants constitués en groupes déjà formés dans 25 pays.  L'ISM est une association palestinienne. La coordination est réalisée à Beit Sahour. Le groupe de coordination est constitué des fondateurs en 1988 (SHAPIRO NETA GOLAN et OWEIDA AGHAF), des militants palestiniens représentant les différents mouvements de la résistance et les internationaux présents sur place pour une longue durée. Ce groupe décide de la stratégie globale à adopter en fonction de l’évolution de la situation. Le groupe de coordination est en suite en relation dans chaque lieu avec des militants de confiance (groupe d'affinité) qui sont chargés d'organiser les actions. Chaque mouvement reste libre du choix de sa tactique et des moyens à mettre en œuvre pour donner à l’orientation de fond un contenu efficace. Toutes les décisions sont consensuelles.

Sa politique :

les structures internationales qui souhaitent se joindre aux actions de l'ISM doivent assurer une formation à la non violence dans leurs pays. Celle-ci doit être assurée par des professionnels ou par des acteurs de terrain chevronnés. Quand ils arrivent en Palestine les internationaux passent nécessairement par Beit Sahour pour un court stage de perfectionnement adapté à la situation (2 jours)

Contenu de cette formation dans les pays étrangers :

-           les bases de la non violence

-          comment fonctionner par groupes d’affinité avec cohérence ?

-          comment faire face à des situations conflictuelles ?

-          comment maîtriser son stress émotionnel, son adrénaline ?

-          comment se comporter face aux médias ?

-          les bases historiques du conflit

-          Présentation rapide de la confrontation Société israélienne / société palestinienne

-          Les orientations culturelles

Le stage de Beit Sahour est plus particulièrement axé sur le fonctionnement en groupe d'affinité, sur les bases culturelles à intégrer pour travailler avec les Palestiniens, et de manière plus pratique

-          comportement pratique face aux soldats

-          comportement pratique face aux colons.

-          Pour ceux qui doivent rester plus d’un mois le stage est encore plus fouillé avec tous les cas de figure pouvant se présenter.

Ses activités pratiques

-          « vaincre l’occupation » par la présence soutenue aux postes de contrôle, aux barrages, aux carrefours, en zones saisies par l’armée ou par les colons, interdites aux Palestiniens.

-          protéger les zones encore sous autorité palestinienne

-          être présents dans les camps de réfugiés

-          coucher chez l’habitant dont la maison est menacée de destruction, car la famille comprend des martyrs.

-          accompagner les jeunes à l’école, les ambulances sur les lieux où elles sont appelées

-          présents aux postes de contrôle d’identité pour empêcher –autant que faire se peut- les humiliations.

-          Présents au ramassage des olives et aux récoltes en général. Ça mobilise des centaines de gens qu’on encourage à vaincre leur peur. Ça leur permet ensuite de braver les couvre-feu

A l'avenir trois actions principales :

-          Présence quasi permanente à la construction du mur Qalqiliya / Tulkar’m . éventuellement s’y attaquer par des démolitions symboliques.

-          Augmenter la présence internationale dans la bande de Gaza pour protéger les populations en vue de la guerre contre l’Iraq. Ils ont enfin trouvé des partenaires de confiance sur place.

-          Campagne en cours pour évacuer les colons de la colonie sauvage de Taupouch, proche de Salfit le long du Jourdain.

     -     Coordination avec les pacifistes israéliens.

L’unité centrale de soutien de Beit Sahour:   

Elle travaille tout particulièrement sur les médias pour dénoncer les arrestations arbitraires, les malades non soignés et les femmes prêtes à accoucher bloqués aux postes de contrôle, entretenir le contact avec les militants locaux, en lien avec des avocats et des médecins assurer les urgences relevant de leurs compétences, les enregistrements des participants aux actions (pour garder trace).

Conditions d’appartenance :

Après leur séjour en Palestine, les internationaux sont encouragés à former des groupes ISM dont l'objectif doit être la promotion des actions non violentes en Palestine car l'ISM se focalise uniquement sur ce genre d'actions. Dans les différents pays les groupes sont encouragés à participer à des actions de masse, mais ils n'en sont jamais à l'initiative. Les associations qui ont des objectifs multiples peuvent être les correspondants locaux de l'ISM, mais il faut un sous groupe uniquement dédié à la non violence (fonctionnement par groupe d'affinité).

En Palestine de 67, on compte aujourd’hui 150 bénévoles palestiniens formés. Ils sont les porte-parole de l’I.S.M. et agissent en tant que tel pour susciter des mouvements locaux.

Quelques internationaux ont dû quitter Jenin et Naplouse parce que certaines choses n’avaient pas été tirées au clair :

-          On est acquis à la non violence

-          on prend parti pour la cause palestinienne et on admet les règles culturelles et sociétales

-          on  travaille avec des Palestiniens ouverts qui acceptent cette solidarité internationale

-          on accepte de travailler avec tous, y compris les islamistes (si ils sont ouverts)

-          l'objectif précis de l'ISM n'est pas de proposer une issue politique au conflit mais de mettre un terme à l'occupation

L’I.S.M. est une structure qui n’a pas de trésorerie, même pour la solidarité dans l’urgence. Les intervenants payent  tout ce que leur coûte leur venue et leur présence. Seule une petite aide est apportée aux internationaux de longue durée. Ceux qui parmi eux éprouvent un stress non maîtrisable sont invités à quitter le groupe sur le champ : il en va de la sécurité de tous.

On était aux côtés de Yasser ARAFAT dans la moqat’a et on est aussi dans les maisons des martyrs, prêtes à être dynamitées : l’I.S.M. a acquis sa crédibilité sur cette question. Elle n’est pas partisane ;

Réponses à des questions en vrac

-          ça serait bien que le C.C.I.P.P.P.  assure ou fasse assurer une formation aux membres de ses missions avant leur départ. Nous avons déjà eu parmi nos 150 militants, 5 blessés dont 3 dans un état sérieux. Ce n’est pas un jeu. Il y a des règles à respecter. La condition 1ère exigée :  « je suis aux côtés des Palestiniens pour les aider à se débarrasser de l’occupant »et la 2ème condition :  « Je maîtrise ma non violence. »

Il faudrait trouver un français déjà rôdé à la non violence qui vienne se former ici à Beit Sahour pour ensuite assurer une formation en France