Rencontre avec Ahmed SOURANI (31/10/02)
La stratégie du PARC se situe aujourd'hui selon deux axes
I- Les activités de développement
II- L'entraide et l'urgence
I- Les activités de développement
Jusqu'à présent, principal axe suivi avec Palestine 33. Ce soutien n'est pas seulement formel, mais a aussi permis de tisser de fortes relations. La plantation d'arbres et l'achat de machine à coudre ont aussi permis de créer des organisations autour de ces équipements (ex la Maison des femmes). La mise en route de telles organisations n'est pas facile, mais ça a marché. Bientôt la maison des femmes de Al Qarara va faire partie d'une plus grande organisation de femmes, mais restera dans le réseau du PARC. PARC veut participer à la construction de la société civile palestinienne. Principe basé sur CBO (Community based organisation). Ce type de réseau à un impact stratégique et socio-économique à long terme. Dans les trois années à venir, le PARC espère finaliser ce réseau rural qui comportera 11 branches principales. Le PARC assurera uniquement le travail de coordination. Les groupes locaux auront leur autonomie de décisions. Le souhait est de soutenir la démocratie et de contribuer à la formation politique des citoyens en instaurant par exemple le principe du vote à l'intérieur des groupes locaux. Ce réseau sera ouvert à tous ceux qui souhaitent bâtir une société démocratique en Palestine.
Récupération des eaux pluviales
Les objectifs sont
- l'eau (avec PHD)
- la plantation d'arbres (replantation)
- la capacité d'association (capacity building) : maison des femmes, syndicats d'agriculteurs.
" Comment faire beaucoup avec peu"
-
l'agriculture urbaine : très important car Gaza est de plus en plus peuplée.
Les propriétés sont de plus en plus petites (5 à 10 dunums). Il faut
continuer à nourrir la population en utilisant toutes les parcelles possibles
(petits jardins, jardins dans les écoles, arbres dans les rues, dans les
jardins des hôpitaux, jardinage).
Pour ces aspects : la politique de jumelage est très importante. C'est une stratégie comme avec Palestine33. Les liens sont renforcés et ça permet de développer le travail de soutien et de défense. Idée de mettre en œuvre un Bulletin à traduire en français qui permettrait aussi de montrer les projets qui ont marché.
Dans ce cadre, Palestine33 soutient de longue date la Maison des femmes
de Al Qarara. 2000€ leur a été remis pour renouveler une machine à coudre
(1200€) et apporter une aide d'urgence (800€). De plus Palestine 33
participe au projet "Ecoles Vertes" qui consiste à installer dans les
Ecoles de la bande de Gaza, des cuves et des équipements de traitements des
eaux afin de fournir de l'eau potable aux élèves et leur permettre d'irriguer
des petits jardins potagers. Deux écoles ont déjà été équipées à Al
Qarara grâce à P33 (Al Amari et ?). Un complément d'installation est nécessaire
à Al Amari pour redimensionner l'installation (2 cuves plus grandes et une
pompe pour augmenter le débit). 800€ ont été laissés à cette fin. P33 a
proposé de continuer ce travail pour deux autres écoles de Al Qarara (Ibn
Nafis : 1000 élèves; Ahmed Al
Agha school : 500 élèves). Un contrat a été signé entre P33 et le PARC à
cette fin. Le projet est évalué à 3000€ sur deux ans (par école : 2 cuves
de 5m3 (800€); 2 filtres eau potable (500 €) et le réseau de
distribution de l'eau (200€). Palestine 33 s'engage également à trouver
d'autres groupes français pour financer des projets similaires dans la bande de
Gaza.
II-
L'entraide et l'urgence
1) les zones à aider en priorité
- 300 réservoirs de 5 m3 ont déjà été distribués par le PARC l'année dernière
- les trois zones les plus nécessiteuses : Seyfa et Bedwin village (Beit Lajia) et El Mawasi
Importance de trouver des groupes locaux pour mettre en lien avec ces zones (possibilité d'envoyer des photos, des films, pour expliquer la situation des familles qui vivent là).
Seyfa : les besoins sont les fournitures
de base pour l'agriculture : engrais, des graines, des plants, des pesticides
(ils encouragent l'utilisation de pesticides plus biodégradables). La
plantation d'arbres est interdite dans cette zone pour la sécurité d'Israël).
L'objectif est de maintenir le processus de production agricole. Les coûts de
production sont très élevés, mais ils ne faut pas arrêter de cultiver la
terre, pour pouvoir la garder. En fait les agriculteurs nourrissent la
population de Gaza, c'est pourquoi ils doivent être soutenus pour cultiver la
terre.
Bedwin village : spécialisé dans la production laitière : lait,
fromage. PARC fournit du fourrage qui permet aux éleveurs de continuer à
travailler (mouton, chèvre, bétail). Dans chaque village, il y a des groupes
d'agriculteurs qui peuvent être les interlocuteurs des groupes français via le
PARC.
PARC s'engage
à écrire un rapport des suggestions pour que l'on puisse décider si l'on
prend en charge ce travail de mise en contact. Réfléchir à la manière
dont on peut établir des ponts entre les palestiniens et les internationaux. Il
faut tisser des liens avec les gens à la base. Ahmed Sourani pourrait venir
pour expliquer tout ça en France.
2) En cas d'aggravation de la situation : les différents scénarios envisagés si la guerre commence entre les USA et l'Irak. La première hypothèse est qu'Israël en profitera pour envahir toute la bande de Gaza et réoccuper l'ensemble de la Cisjordanie. Cette occupation ne sera pas définitive, mais il y aura de nombreuses personnes tuées, beaucoup de maisons seront démolies, une grande partie des infrastructures sera détruite. La deuxième hypothèse est la mise sous contrôle israélien de la totalité d'une bande de terre de 1km de large tout le tour de la bande de Gaza ainsi que de la totalité de la côte méditerranéenne (environ 1/6 de la superficie totale de la bande, colonies comprises). Cette bande de terre comprend les zones agricoles les plus importantes (le reste étant déjà très fortement urbanisé). En fait cette politique de récupération de terre a déjà bien commencé et nous avons pu nous rendre compte de la destruction de très nombreuses plantations dans cette zone. Cette occupation partielle facilitera les incursions plus à l'intérieur de la bande de Gaza et pourrait se perpétuer jusqu'au règlement politique du conflit avec le risque qu'Israël veuille conserver cette zone. Enfin la troisième hypothèse est le transfert massif de populations palestiniennes, notamment en Jordanie. Ce transfert est actuellement ouvertement débattu en Israël. Bien sûr ces 3 scénarios sont susceptibles de se réaliser les uns après les autres. Ils engendreront à coup une aggravation des conditions de vie (déjà 80% de la population est en dessous du seuil de pauvreté) et certainement d'encore plus grandes difficultés à circuler dans la bande de Gaza et à communiquer avec les zones les plus exposées (près des colonies).
Face à ces perspectives, les palestiniens s'organisent. Le PARC et le PMRC ont déjà mis en place un plan d'action principalement destiné aux zones rurales de la bande de Gaza. Ce qui s'est passé à Jénine au printemps dernier leur sert de référence. Depuis quelques années, le PARC met en place des réseaux locaux de petits groupes d'intérêts (maisons des femmes, syndicats d'agriculteurs, etc.…). Le PARC assure la coordination de ces réseaux appelés CBO (Community Based Organisation). Ainsi l'ensemble du territoire de la bande de Gaza est couvert par ces réseaux reliés à trois "quartiers généraux" (Gaza Sud, Khan Younis, Gaza Nord). En cas d'urgence, l'objectif du PARC et du PMRC est de faire en sorte que chaque CBO puisse assurer de manière autonome la survie des habitants et les soins aux blessés. Actuellement ils sont en train d'assurer la formation des bénévoles et d'installer dans ces différentes zones des groupes électrogènes, des équipements de premier secours et des stocks de nourriture (souvent en liaison avec les maisons des femmes). Actuellement ils disposent d'un mois de nourriture pour 15 000 personnes. La nourriture est d'abord réservée aux enfants et aux femmes. L'UNWRA prend en charge les camps de réfugiés. Le problème des communications leur paraissant particulièrement crucial, ils envisagent l'utilisation de chargeurs solaires pour les téléphones portables, et la plupart des responsables possèdent déjà un portable connecté au réseau palestinien et un portable connecté au réseau israélien. De plus, chaque site disposera de l'équipement nécessaire (caméra, micro-ordinateur) afin de pouvoir rendre compte des exactions de l'armée israélienne et d'en informer la communauté internationale. Ahmed SOURANI compte particulièrement sur nous pour constituer un des relais de cette information. L'ensemble de cette organisation repose sur les équipes permanentes du PARC et du PMRC et sur de nombreux volontaires.
Dans ce cas, ils attendent que nous relayons l'information qu'ils nous
enverront, de faire pression sur les politiques, de mettre en avant ce que
vivent les palestiniens. Ils savent que la faiblesse des palestiniens est le
contact avec les médias internationaux. Ils travaillent là-dessus avec des spécialistes
de certaines ONG comme Christian Aid. Actuellement il n'y a pas de relations prévues
avec les forces de paix en Israël, même si la situation s'aggrave. Le problème
le plus important est que c'est mal vu. Ils nous demandent de réclamer la fin
des agressions (des 2 côtés), de fournir un soutien pour les plus pauvres,
de soutenir la production palestinienne (commerce équitable). La
communauté européenne doit proposer une solution politique. Les Palestiniens
vont accepter plus de l'Europe.
PARC - Deir
el Balah
Leila Khashan
(au nom de Ibtissem Salem, directrice de l'unité) et Nasser Ahmed Al Madani
(ingénieur en agro-alimentaire)
Zone centrale de la bande de Gaza : Netzarim - Al Qarara
Cette unité du PARC comprend 5 ingénieurs : un par activité
- irrigation
- agronomie
- arboriculture
- crédit pour les femmes
- développement pour les femmes (Leila Khashan)
: 10 maisons des femmes (depuis septembre 2002, environ 200 femmes par maison).
Chaque
activité concerne environ 2000 personnes.
Plusieurs types de projets comme
- agriculture, irrigation, citerne à eau (tout ce qui est détruit par les israéliens) avec UN et UNDB
- agriculture, citerne (béton), chemin agricole (Wadi Gaza, ONU, PARC).
Visites réalisées
avec le PARC, le 31 octobre 2002-12-01 avec Abeer Madhoun et Tahseen Hassan
Sadat.
Beit Lahia :
-Exemple
d'agriculture urbaine : réservoir d'eau de 220 m3 qui récolte l'eau
à partir des toits des serres et des maisons alentour. Cette eau peut être
utilisée pour l'irrigation, mais aussi pour élever des poissons directement
dans le réservoir. Ce réservoir est utilisé par 5 familles qui cultivent
chacune 5 dunums. Cette installation a été aidée par le PARC. Parfois,
installation de collecteur en plastique non permanent. Le problème majeur
actuellement est la perte économique. En début de saison les agriculteurs
prennent en charge la totalité de la culture, mais les prix ont fortement
diminué au cours de la saison car les exportations vers Israël sont très
difficiles. La population à nourrir ne peut pas payer alors les agriculteurs
vendent à perte Actuellement les pertes s'élèvent à 1500$ par dunum ?.
-A la bordure
Nord de la bande de Gaza (Bedwin village) : installation collective de
retraitement des eaux usées financée par le PARC (existe des installations
individuelles). Le principe est que les agriculteurs soumettent de projets au
PARC, puis un spécialiste vient sur place évaluer la faisabilité du projet
qui est financé ou non. En général, les agriculteurs participent au projet
par leur travail, le PARC fournit les matériaux et les équipements. Les eaux
retraitées ici servent pour l'irrigation des arbres fruitiers (sauf légumes).
15 familles sont concernées. Ici l'eau potable est pompée dans la nappe. Dans
ce secteur, de nombreuses cultures de fraise (20 dunums). Accord avec un
groupement d'achat israélien (GRESCO > Carmel, produce of Israël) qui
s'engage pour commercialiser environ 1500 $
de fraises / dunum. La production est de 400 à 700 kg/ dunum. Israël fixe les
prix. Exportation de 300 t de fraises par saison. Apparemment ils ne perdent pas
d'argent dans ce cas.
A Bewdin
village, le PARC finance également l'installation de citernes pour stocker
l'eau (5 m3), mais il n'a pas assez d'argent pour en mettre partout. Il a aussi
collaboré à l'installation d'un jardin (à côté de l'école). Le PARC donne
les plants et les habitants installent et entretiennent les jardins. Ils font également
des prêts pour installer des petits magasins dans le village.
Le plastique
utilisé pour les serres et les cultures protégées pose des problèmes pour l'élimination.
Information auprès des agriculteurs, mais ça rentre lentement. Également
essayent de promouvoir la réduction des intrants.
- Serres en
bordure de la colonie de Dogit : les agriculteurs ne peuvent approcher car ils
se font tirer dessus. Les serres appartiennent aux agriculteurs, parfois
certains les louent. Serres avec rotation de différents légumes (haricot,
aubergine, tomate, jew-millow etc…). L'entretien des chemins d'accès est
assuré par les syndicats d'agriculteurs.
- Rencontre avec le syndicat des agriculteurs de la zone Nord (Beit Hanoun) avec Mirfet du PARC (formatrice) qui assure la coordination des séances de formation (capacity building for farmers unions).
Ces
formations sont organisées afin d'améliorer la capacité d'organisation en
commun des agriculteurs dans la zone Nord. Ce jour 17 agriculteurs y
participent. 350 personnes adhèrent à ce syndicat
qui est très dynamique. Les formations sont techniques, management de
projets, organisation, management, leadership, marketing. Cette zone est réputée
pour la culture des Citrus (orange, citrons, pamplemousses, clémentines). Les
agriculteurs ont des très petites surfaces (1 à 3 dunums). L'idée est de
former pour pouvoir proposer des projets. 6 groupes de paysans sont regroupés
dans ce syndicat. Il y a des cours de marketing, mais pour l'instant le marché
est dans la main des exportateurs israéliens qui ne sont soumis à aucune loi.
Dans cette zone, 150 puits ont été détruits (North Gaza), et 40 puits ont été
détruits dans la zone où l'eau était la plus douce. Sur toute la bande de
Gaza 55 000 dunums ont déjà été rasés (5500 ha).
L'objectif de notre rencontre avec ce syndicat est de les mettre en
contact avec Via Campesina" par l'intermédiaire de la Confédération
Paysanne. Ils sont intéressés car cette collaboration et s'engagent à envoyer
un document pour expliquer leurs problèmes : gènes pour les exportations et
confiscations des terres après destructions des récoltes.