Le point sur les Missions Civiles

A ce jour, 16 missions se sont rendues en Palestine, depuis juin 2001.

C’est pour rendre compte du travail effectué par ces dernières et faire part des nouvelles conditions d’organisation que la CCIPPP (Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien) avait réuni samedi 25 mai à Saint-Denis , les participants des 15 dernières missions déjà parties, la 16eme étant encore sur place lors de notre rencontre. 

De nombreux participants ont  exprimé  leurs sentiments sur ce qu’ils ont vécu auprès des palestiniens et leurs points de vue sur la meilleure façon de continuer la solidarité avec ces derniers, dans un contexte de plus en plus tragique. En effet, selon l’analyse de Nahla , l’une des fondatrice du mouvement, «  l’urgence va durer » ; il faut donc  se mobiliser plus que jamais  pour partir là-bas : observer pour continuer à témoigner à notre  retour  en France, et tenter de protéger, lorsque c’est possible, dans des situations d’injustice caractérisée.

Ce qui s’est passé à la Mokata’a et à l’hôpital de Ramallah sont les exemples les plus marquants d’internationaux, qui par leur présence, ont permis d’éviter le pire *. D’autres actions à plus petite échelle continuent d’avoir lieu dans les camps de réfugiés, les villages et les villes où les Missions parviennent à pénétrer : faire passer des ambulances , assurer la livraison de médicaments et le ravitaillement des populations civiles , s’interposer au point de contrôle …assurer pacifiquement une présence solidaire pour aider de façon non violente les palestiniens dans leur résistance et leur combat.

Ce combat se situe à présent dans un contexte de guerre que les Missions Civiles doivent prendre en compte pour garantir un maximum de réussite à leurs actions et assurer, autant que faire ce peu,  la sécurité des volontaires qui partent en Palestine.

Il faut savoir que la 12ème Mission  a été refoulée manu militari de l’aéroport de Tel-Aviv dès son arrivée. Depuis, les autorités israéliennes , de plus en plus gênées par la présence des internationaux, interdisent à toute personne, suspectée de venir en solidarité au peuple palestinien, d’entrer en Israël .

Devant l’impossibilité de pénétrer en groupe, la CCIPPP a du réfléchir à une nouvelle manière de procéder afin que la dynamique née des missions précédentes ne s’arrête pas. La Campagne continue, mais avec davantage de contraintes : les départs se font à présent individuellement, chacun prenant en charge son voyage jusqu’à Jérusalem. C’est uniquement là-bas que le groupe se constitue et que les participants prennent connaissance du programme élaboré sur place par les organisations palestiniennes et israéliennes anti-colonialistes. Cette façon de procéder a permis aux cinq dernières missions de remplir leurs tâches et d’assurer à un rythme régulier une présence en continue auprès des palestiniens ; car c’est cela qui est important pour eux : savoir que la société civile ne les abandonne pas, contrairement à toutes les organisations internationales. Je citerai pour illustrer ce propos le témoignage de Latifa volontaire de la 11eme mission : « Être un international auprès du Croissant Rouge vous permet d'avoir un aperçu de l'état psychique de la population. En effet, quand les civils palestiniens voient une présence étrangère, ils se sentent rassurés car ils ont l'impression que l'isolement auquel les soumet l'occupation israélienne est brisé. Le massacre de la population ne se fait plus en silence. Ils savent qu'un jour nous retournerons pour témoigner de l'horreur commise par l'armée israélienne. » 

Si le travail des Missions est rendu plus compliqué par la position des israéliens, celui des associations israéliennes anti-sionistes intervenant au côté de la CCIPPP est des plus difficile. Accusées de trahison par le gouvernement Sharon mais aussi par une grande majorité de la population elles sont considérées comme des organisations étrangères. Pourtant, de l’avis de certains de leurs représentants, les actions des Missions Civiles les poussent à aller plus loin dans leur engagement auprès des palestiniens. Elles avouent avoir été très marquées par la présence des internationaux à la Mokata’a, s’interrogeant sur le fait que ces derniers aient pu y rentrer très vite, et pas elles.

Les citoyens des pays arabes ressentent également un certain malaise : quelle forme donner à leurs actions puisqu’ils ne peuvent se rendre en Palestine, les israéliens leur interdisant l’entrée sur le territoire. La CCIPPP qui commencent à recevoir des dons, a décidé de financer des projets  émanant de pays arabes et pouvant s’inscrire dans le cadre de la Campagne de Protection.

De toute évidence, la CCIPPP fait tâche d’huile, et de plus en plus de pays viennent rejoindre l’engagement de la société civile auprès du peuple palestinien.

 Pour ceux qui voudraient partir , sachez que 2 missions par mois sont programmées entre juin et septembre. Le premier contact se fait par Palestine 33 qui vous informe des conditions exactes d’organisation et des démarches à effectuer. La prochaine mission part le 8 juin et comprend une personne du Comité.

                                                                                                            Laurence

* Voir à ce sujet le livre paru récemment sur le déroulement de la 11eme mission relatée par plusieurs participants dont José Bové, vous en trouverez les références dans ce numéro de Palestine 33).